« Vide, meublée ou hantée ? »

« Attention, vous achetez une maison hantée ! ».

Cette mise en garde, vous ne l’entendrez jamais d’un agent immobilier, encore moins du notaire qui conclura la vente. Pourtant elle devrait figurer dans la majorité des actes. Rares sont les maisons qui aussi vides qu’elles l’annoncent. Parmi les strates de peuplement qu’elles ont connues, vous trouverez toujours un ou une propriétaire qui n’a pas lâché, même et surtout mort. Un fantôme jaloux de l’ancrage matériel que lui assurait son bien et qu’il habite toujours. Jalousement.

J’ai vu des arrivants enthousiastes s’aigrir peu à peu au fil des mauvaises surprises. Toit qui s’effondre, plafonds qui s’infiltrent à répétition, odeurs fétides et inexplicables. Le fantôme du lieu ne les accueillait pas. Au contraire de la maison qui , elle, voulait de nouveaux propriétaires, de la vie, des rires, des visites ! Las, elle n’avait pas la main. Le fantôme avait décidé.
Ces arrivants ont revendu au bout d’un an, amers et perplexes, avec cette frustration de qui n’a pas réussi à se faire sa place. Normal, le fantôme l’occupait toute, soit qu’il avait quelque chose à terminer dans sa maison – syndrome de l’inachèvement, soit qu’il doutait que le paradis évoqué par les instances religieuses pût égaler celui dont il jouissait au quotidien. En exclusivité.

Parfois la rencontre se passe mieux. Le fantôme comme la maison agréent les nouveaux propriétaires. Sans doute parce qu’ils leur attribuent le pouvoir d’achever ce qui n’a pas été résolu dans leur histoire, tolérance qui n’augure pas forcément du bonheur dans les murs tant le projet du couple fantôme-maison peut troubler la réalité des nouveaux habitants.

La situation idéale s’appelle la convergence. Les projets des deux camps se rejoignent. Les nouveaux arrivants viennent à point nommé dénouer le lien maison-fantôme, car inutile de le préciser, cette situation est pathologique pour le dernier tandem, figé dans l’impossible. On a même vu des nouveaux propriétaires libérer la maison de son fantôme ! Impression de légèreté en façade comme à l’intérieur, clarté revenue, la voix résonne plus clair dans les pièces. On y circule de façon fluide. Famille et amis y évoluent librement, sans interférences. On s’y sent bien.

Nouveaux propriétaires, sortez votre radar en découvrant le lieu convoité. Y respirez-vous seuls ? Ou bien, présence invisible aux aguets, partagez-vous l’air avec une autre population ? Si tel est le cas, cherchez à sentir ses intentions vous concernant. Et surtout qui sera le maître. L’appropriation finale reste ici la clef. Car sachez-le, vous qui attendez de vous sentir bien-chez-vous, on n’a jamais vu une maison fonctionner en double commande.

A jeudi!

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.